Critique Embruns – Louise Mey

Avec ce deuxième roman policier, sélectionné pour le Prix Maison de la Presse et finaliste du prix Les Nouvelles Voix du Polar, Louise Mey s’impose petit à petit dans cette sphère du genre policier. Dans Embruns, l’auteur choisit d’installer son intrigue dans un huis-clos qui s’enfonce chapitre après chapitre dans une atmosphère étouffante. Embruns est une poussière d’eau enlevée par le vent à la crête des vagues ou formée par les vagues qui se brisent. Tout au long du livre, on se demande pourquoi avoir choisi ce terme et ce n’est que lors du dernier chapitre qu’on comprend finalement le lien entre celui-ci et l’histoire. Dans ses romans, l’auteur met en scène les violences faites aux femmes, dans Embruns, avant le début de l’histoire, un chapitre zéro met en scène une scène de violence sexuelle sur une femme inconnue que le lecteur ne comprendra la signification qu’à la fin de l’histoire. En effet c’est un thème qui n’arrive que dans la dernière partie de l’histoire. Mais commençons par le début.

L’histoire commence avec une envie d’évasion pour la famille Moreau. Celle-ci se compose de Béa et Chris, le couple parfait et, les chats ne font pas des chiens, de leurs enfants parfaits également Marion et Bastien. Ils décident de se rendre en weekend en Bretagne, sur un île digne d’une carte postale, accessible seulement en bateau. En laissant leur voiture au port, les Moreau s’embarque dans une aventure paradisiaque.

Ne soyez pas impatients, les 100 premières pages sont là pour planter le décor et installer les dynamiques entre les personnages. Certes, ce début peut paraître long mais il est, selon moi, nécessaire à la bonne compréhension de l’histoire et des relations entre les membres de la famille.

Un des éléments les plus importants à l’histoire, à mon sens, est sa location. Les îles, pour un auteur de romans policiers, constituent des “terrains de jeux” attractifs. Les habitants sont en quelque sorte coupés du monde, la mer peut être hostile, les cachettes nombreuses, les portables ne pas capter, les voitures y sont rares. Une impression de tourner en rond sans aucune ouverture sur le monde en dehors de l’eau. Les habitants y sont en général peu nombreux et se connaissent tous. Ces lieux peuvent vraiment être propices à la claustrophobie, à la paranoïa.

Et c’est exactement ce que ressent le lecteur tout au long de sa lecture. Sur cette île bretonne, les habitants, surnommés les ploucs par Chris, forment une grande famille bienveillante, accueillant à bras ouverts les nouveaux venus. Au début, le ciel est bleu et la mer calme dans ce décor idyllique. Mais lorsque Marion disparaît, la situation se retourne complètement. Les chapitres deviennent de plus en plus courts, les actions que s’enchaînent, le rythme s’accélère et quelques mots qui sortent de la bouche d’une enfant nous montrent les prémices de la révélation finale. Les derniers chapitres sont haletants avec un rythme effréné. Impossible de lâcher l’histoire avant la fin, elle nous tient en haleine jusqu’au retournement final. En effet, les apparences sont parfois trompeuses, les monstres se révèlent et les plus gros secrets sont dévoilés.

Ce roman a beaucoup fait débat entre les lecteurs, certains ont détesté et d’autres ont adoré. Je me place plus dans le deuxième groupe. En effet, j’ai beaucoup aimé son style d’écriture direct et la façon dont elle décrit les relations entre les différents membres de la famille. Les personnages sont beaucoup plus complexes qu’on peut ne le penser au premier abord, que ce soit la famille Moreau ou les personnes vivant sur l’île.

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