Le Crieur de nuit, Nelly Alard.

Nelly Alard est une actrice, scénariste et romancière française. Après ces années d’actrice et de comédienne, elle se tourne vers l’écriture et sort son premier roman en 2010, qui obtiendra le prix Roger-Nimier, qui récompense un jeune auteur dont l’esprit s’inscrit dans la lignée de l’œuvre littéraire de Roger Nimier, écrivain français du XXe siècle, la même année. Dans son premier roman, Le Crieur de nuit, Nelly Alard nous emmène dans sa vie privée et sa relation avec son père, à travers le personnage de Sophie. Celle-ci livre un regard rétrospectif sur son enfance et sa vie d’adolescente sous l’œil intransigeant d’un père extrêmement autoritaire, égoïste. C’est une histoire de deuil et de pardon. Le point de départ de l’histoire est simple : la mort d’un père. Dès les premières phrases, l’auteure nous entraîne dans l’intrigue du roman.

« Tu es mort. Enfin. » C’est un cri de soulagement qu’entraîne ce message laissé sur le répondeur de Sophie. La mort de son père est vécue comme un soulagement, une libération. Ces quelques mots annoncent le ton de l’ouvrage. Direct et froid. « Moi je dis : mort. Je ne vois pas pourquoi je prendrais des gants. » On comprend vite que la relation entre Sophie et son père a été froide et distante.

L’histoire soulève de nombreuses questions, notamment celle de l’identité. Comment se construire avec un père comme ça ? L’enfance est le moment le plus important car c’est là qu’on se construit or comment cette construction peut-elle se dérouler avec un mode de vie comme celui de Sophie ? En effet, comme elle le dit, « dans la vie, il n’y a la famille et les étrangers. (…) La famille c’est sacré », elle grandit seulement entourée de son père, sa mère, son frère et sa sœur sans aucun contact extérieur. Or c’est les autres, « les étrangers » permettent également de grandir et d’amener des nouvelles visions de la vie. « Souvent, quand je ne trouve aucune perspective agréable dans la vraie vie, je fais des rêves de fugue. » Cela montre le besoin de s’évader de cette vie, qu’elle définit comme « vraie », comme si elle avait besoin de se prouver que c’est la sienne.

La famille est ce qu’il y a de plus proche de nous. Elle nous accompagne de notre naissance à notre mort. C’est intéressant comme sujet pour les auteurs car cela leur permet de créer des personnages avec des facettes très différentes en fonction de leur relation avec leur famille. Les relations père/fille, mère/fille, père/fils et mère/fils sont toutes différentes et intéressantes à découvrir. Certains auteurs écrivent sur des familles imaginaires créées seulement pour un roman mais d’autres écrivent sur leur propre vie, comme c’est le cas à travers cet ouvrage. Nelly Alard utilise cet ouvrage comme un exutoire. Elle ose enfin dire à son père ce qu’elle a sur son cœur. On le voit car elle s’adresse directement à lui dans certains passages, « disais-tu », « tu es au travail », « dis-tu ». S’adresser à lui, au travers d’une histoire, permet de sortir tous ce qu’elle avait gardé en elle pendant des longues années, incapable de lui dire en face.  

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