Critique La bête et la belle, Nocturnal Animals : la polyphonie narrative

La bête et la belle est un roman policier de Thierry Jonquet paru en 1985. On y retrouve plusieurs personnages qui sont tous plus ou moins liés à une affaire de meurtre. Tout d’abord le meurtrier qui est tout de suite identifié car il s’appelle « Le coupable ». Ensuite, il y a « Le commissaire » qui est chargé de l’enquête. Enfin, on a accès aux pensées du « vieux Léon ».

Nocturnal Animals est un film réalisé par Tom Ford en 2016, là aussi on a affaire à une histoire de meurtre avec Susan Morrow qui reçoit le livre de son ex-mari Edward Sheffield Nocturnal Animals. Ce livre raconte l’histoire de Tony, sa femme et sa fille, alors qu’ils se sont faits agresser, agression qui va conduire à 2 morts.

 Dans La bête et la belle, le lecteur mène donc l’enquête principalement grâce aux enregistrements des confidences du coupable que le commissaire passe en revue pour s’efforcer de comprendre les 4 meurtres. C’est en écoutant ces enregistrements que le lecteur a accès à un autre point de vue.  Le vieux Léon lui est le seul témoin de ces meurtres et il refuse de coopérer avec la police. Les 3 voix de ces personnages se croisent et le lecteur se retrouve donc à jouer le détective et essaye de remettre les faits dans l’ordre afin de dénouer le mystère autours de ces 4 meurtres.

Dans le film Nocturnal Animals on retrouve aussi la polyphonie dans le même but. Ici cependant Susan Morrow va jouer la détective alors que le spectateur lui est moins impliqué dans ce rôle cette fois-ci. Tout comme les enregistrements dans La bête et la Belle, Susan à la manière du commissaire va avoir accès aux pensées du meurtrier grâce au livre « fictif » que son ex-mari a écrit. Le réalisateur et l’écrivain ont tous les deux recourent à la même technique pour insérer une voix supplémentaire dans leur réalisation. Cette technique est très astucieuse car elle introduit dans l’histoire une voix qui ne consiste que de propos rapportés la rendant ainsi non fiable et le lecteur/spectateur doute de l’exactitude de ces propos. Ce doute va rendre la compréhension de ces mystère plus difficile.  

La polyphonie de ce roman est donc très importante pour réussir à résoudre les meurtres. Les enregistrements nous donnent accès à certaines pensées du coupable et le commissaire, lui, donne son avis d’expert. Avec ces 3 voix, le lecteur va déceler petit à petit ce qui a bien pu pousser le coupable à tuer soudainement toutes ces personnes. Le choix de la polyphonie permet de plonger le lecteur dans l’histoire et ayant accès à plusieurs points de vue il est plus facile d’entrer dans ce rôle de détective. La polyphonie a bien sa place dans les œuvres policières cela permet à l’auteur/réalisateur de jouer avec le lecteur/spectateur en ajoutant des contradictions à son œuvre par exemple.

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