Critique croisée Fille, Camille Laurens, 2020 et Le Pays des autres, Leïla Slimani, 2020

Fille tout comme Le Pays des autres sont tous les deux des romans féminins qui abordent une thématique forte et ancrée dans l’actualité, la place de la femme. Tout d’abord Fille est un roman de Camille Laurens publié en 2020. Le titre le fait bien comprendre, c’est un roman qui interroge sur ce que c’est d’être une fille dans notre société de la naissance jusqu’à l’âge adulte à travers les yeux d’une enfant qui questionne avec innocence ce qu’elle entend autour d’elle. Puis Le Pays des autres de Leïla Slimani, lui aussi paru en 2020, est la première partie d’une trilogie avec comme personnage principal, Mathilde une femme qui tombe amoureuse d’Amine pendant la seconde guerre mondiale, en Alsace. Elle décide de le suivre au Maroc où elle va se retrouver en marge de la société et confronté à de nouvelles mœurs.

 Laurens et Slimani partagent un passé commun car elles ont toutes les deux vécu au Maroc, Laurens y a vécu 12 ans et Slimani quant à elle est née là-bas. Ces deux livres sont donc liés par la même expérience de leur auteure. En effet, la place de la femme n’est pas la même en fonction des pays. Elles ont toutes les deux vécu au Maroc et leur point de vue sur cette thématique est similaire. On comprend ainsi mieux leur légitimité dans leur choix d’écrire sur la femme. Mais contrairement à Camille Laurens, Leïla Slimani pousse sa réflexion plus loin que la place de la femme car elle aborde aussi le sujet de l’identité. Mathilde se questionne sur son rôle de femme mais aussi sur son identité et ses origines. Elle va également amener son mari à se poser les mêmes questions. Elles font aussi le choix de l’autofiction, ce qui rend ces livres d’autant plus intéressants et poignants à lire car l’autofiction apporte un réalisme à l’histoire qui plonge immédiatement le lecteur dans le récit. D’où l’importance de leurs expériences personnelles que l’on retrouve dans ces écrits. Le personnage de Mathilde est en effet basé sur la grand-mère de Leïla Slimani, qui a elle aussi rencontré un soldat pendant la guerre pour le suivre par la suite au Maroc. Cependant la part de réalité s’arrête là pour laisser place à la fiction.

Ces deux livres nous font donc réfléchir sur la place de la femme, Laurens se penche plus particulièrement sur le langage et le mot « fille » souvent synonyme de négatif en opposition à garçon. Comme elle le dit dans son livre qui n’a jamais entendu « le masculin l’emporte sur le féminin ». Dès la naissance le mot « fille » a des connotations péjoratives et son livre va donc remettre en question tous ces préjugés et idées reçus sur les femmes. Elle écrit de manière simple voir familière avec une touche d’humour qui apporte de la légèreté à son roman. Cela sert à la mise en avant de son expérience et de son vécu dans son histoire. Slimani quant à elle nous parle de la femme mais de la femme étrangère qui se retrouve seule mise à l’écart dans une société d’homme. Elle aborde les difficultés de trouver sa place dans un mode pensé pour les hommes où la femme est mise au second plan. Les thèmes de la femme et du féminisme restent des thèmes de l’actualité, les inégalités que subissent les femmes sont présentes au quotidien.

La lecture de ces livres est donc complémentaire, ils apportent tous les deux un point de vue différent sur la même thématique, être une femme c’est difficile et c’est toujours le cas de nos jours. Ces écrivaines défendent un même combat, elles affirment leur place, en tant que femme, dans notre société. Elles provoquent la réflexion et forcent le lecteur à se remettre en question et à repenser sa façon de penser, notamment concernant le choix des mots, l’importance du langage dans la représentation de la femme dans notre imaginaire collectif et le questionnement d’identité en tant qu’étrangère.

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