Femmilièrement vôtres

Femmes de fer, femmes de feu. Dans ces deux récits, les auteures Marie N’Diaye et Djaïli Amadou Amal nous livrent des figures fortes de femmes qui trouvent la voie de l’accomplissement à travers les épreuves qu’elles traversent.

L’une des héroïnes de Trois femmes puissantes, Khady, une femme extrêmement silencieuse, obsédée par l’idée d’avoir un enfant pour pouvoir gagner son indépendance est contrainte de retourner dans sa belle-famille qui la méprise de ne pas avoir su lui donner une descendance. Le thème de la maternité est au centre de ce récit mais aussi dans celui de Djaïli Amadou Amal, Les Impatientes, qui met en scène une société où la femme n’accède à un statut que par l’enfantement. En dehors ce rôle, la femme est scrutée, jugée, bafouée, insultée de tous côtés pour ne pas tenir le rôle que les hommes lui ont assigné, jusqu’à perdre sa propre humanité. Chez Marie NDiaye, Khady finira d’ailleurs par fuir ce pays qui ne la considère plus et, durant ce voyage douloureux, prendra conscience de sa valeur individuelle.

Les deux auteures nous font plonger avec un réalisme glaçant dans ce monde cruel où les femmes passent de filles à épouses sans qu’on leur demande leur avis, où elles sont obligées de se cantonner à la place qu’on leur a assigné en apprenant à se taire et à se contrôler. C’est le père qui choisit le mari de sa femme, c’est le mari qui décide du nombre d’enfants. La femme, elle, est réduite à son rôle reproducteur qui ne la rend pas toujours heureuse. C’est le cas d’une des héroïnes du roman de Djaïli Amadou Amal, forcée de se marier à un homme qu’elle ne connait pas alors qu’un autre l’aime. Elle essaie alors de ne pas perdre la face, tandis qu’elle observe la lente chute de sa propre cousine, mariée elle aussi de force, qui se mure dans un mutisme que les hommes ne savent pas déchiffrer. Alors ils prennent peur, la traitent de folle, sans comprendre que son mal-être est à la cause de ses désordres physiques. Car oui, le malheur est bien concret dans cette existence qu’on lui a volée, cette vie que d’autres veulent lui imposer sans lui demander son avis, en niant sa propre intégrité.

Les deux romans trouvent un écho dans ces complaintes de femmes qui veulent être heureuses mais ne trouvent pas l’achèvement désiré dans le chemin qu’on leur propose. Alors elles se battent contre les préjugés, se perdent parfois, tombent souvent et finissent parfois par devenir la femme qu’elles rêvaient d’être. Car, comme le dit Khady « elle n’oublierait jamais la valeur de l’être humain qu’elle était, Khady Demba, honnête et vaillante, et que, surtout, elle imaginait transitoire, persuadée que ce temps de souffrance aurait une fin et qu’elle n’en serait certainement pas récompensée (…) mais qu’elle passerait simplement à autre chose qu’elle ignorait encore mais qu’elle avait la curiosité de connaitre. »

Auteur

  • Agé de 23 ans, je vis en proche banlieue parisienne depuis une quinzaine d'années. J'ai fait une licence de droit à Paris, puis je suis parti à Lille pour mes deux ans de master ELEN. Plus tard je souhaite travailler dans une maison d'édition à Paris.

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